Marie-Antoinette BRUNELET est la grand-mère paternelle de mon épouse. Avant d’entreprendre, ultérieurement, son récit de vie et de celui de son époux Louis Dailly, remontons cinq générations en arrière. C’est en Thiérache, aux marches de l’Aisne et du Nord, dans les communes de Fesmy-le-Sart, Le Favril, Prisches ou bien encore Catillon-sur-Sambre que nous retrouvons le berceau familial des Brunelet.
Alexis BRUNELET (ca 1703-1704 - /1769) a vingt trois ans, comme Marie Françoise GOSSE (ca 1703-1704 - 1742), quand il la prend pour épouse au Favril le 17 mai 1727. Quel est son métier, les actes de mariage ne le précisent pas à cette époque, vous le savez, et c’est par le biais de sa progéniture que l’on peut approcher, un peu, sa vie.
Marie Françoise, dix mois après le mariage, met au monde Marie Marguerite, l’aînée d’une fratrie qui comptera sept enfants, quatre filles et trois garçons. L’un décède avant d’atteindre un an et un autre l’année de ses neuf ans. Quatre des cinq autres auront une descendance, sans que nous ayons pu tracer la vie de la cinquième. Pour les prénoms, comme souvent à l’époque, l’aîné des garçons hérite de celui de son père, Alexis ; et d’ailleurs, plus tard, pour distinguer le père, on précise Alexis « Le Vieux ». Trois des filles portent le prénom de Marie auquel est accolé, respectivement, Marguerite, Angélique et Françoise. La quatrième est prénommée Catherine Joseph.
Alexis et son épouse vivent ensemble durant quinze ans. Marie-Françoise meurt à 39 ans quand son dernier-né, Jacques Joseph, n’a encore que 18 mois. Le père, qui travaille comme tisseur, nous le savons maintenant, va devoir prendre une nouvelle épouse plus jeune que lui pour s’occuper des plus jeunes, même si les deux ainés à 14 et 12 ans sont en âge de travailler.
Alexis, 39 ans, fait vite et se remarie en novembre 1742, trois mois après le décès de sa première épouse avec Marie Joseph SÉNÉCAIL (1717-1752), 24 ans. Le couple s’installe au Favril, dans le Nord, et neuf mois après les épousailles, en 1743, Marie Joseph met au monde son premier enfant, Nicolas Joseph, qui décède 8 mois plus tard.
Dès lors, les paternités d’Alexis, dit « le Vieux », s’enchaînent puisque, si l’on en croit les nombreuses fiches établies sur Généanet (ce qu’il ne faut jamais faire sans vérification préalable…), sept naissances suivent entre 1744 et 1755. Même si certaines naissances sont rapprochées, cela semble crédible. Pourtant, un doute apparait puisque, selon « les sources », la mère est prénommée Marie Joseph, Marie Marguerite ou bien, contraction des deux, Marie Joseph Marguerite. Une vérification s’impose avec la recherche des actes de baptême de ces enfants !
La naissance suivante, au Favril, nous éclaire immédiatement : « Le 7 juillet 1744 a été née et baptisée Marie Thérèse Brunelet fille illégitime d’Alexis Brunelet et de Marie Marguerite Sénécail [-] ». Marie Marguerite SÉNÉCAIL (1720-1791), née le 7 janvier 1720, n’est autre que la sœur cadette de l’épouse d’Alexis. Celui-ci a donc succombé aux charmes de sa jeune belle-sœur. La situation semble connue et certainement même acceptée, le père reconnaissant l’enfant lors du baptême.
En 1745, c’est l’épouse légitime Marie Joseph qui met au monde un garçon, Alexis Joseph, baptisé au Favril en juin. Mais, en 1747, c’est à nouveau la belle-sœur, Marie Marguerite, qui accouche de Jean François baptisé, lui aussi, comme enfant illégitime d’Alexis Brunelet.
Alexis et son épouse Marie Joseph auront encore ensemble trois enfants, Marie Joseph en avril 1748, André en janvier 1750 et Joachim en janvier 1752. Ces trois-là décèdent dans leur première année, tout comme la mère qui succombe trois après son dernier accouchement.
Alexis continue d’avoir une relation avec sa belle-sœur Marie Marguerite puisque, le 22 octobre 1755, est baptisé Jacques Joseph, « [-] né le jour précédent à sept heures du soir, fils illégitime d’Alexis Brunelet Le Vieux, et de Marie Marguerite Sénécail, laquelle a déclaré et prêté serment par devant les maÿeurs et échevins du Favril, que cet enfant venoit des œuvres dudit Brunelet, la dite déclaration étant du six octobre mil sept cent cinquante cinq [-] ». Les choses sont ainsi certifiées.
Il est à noter que, sans cette relation hors mariage et ces naissances dites « illégitimes », la descendance Brunelet qui nous mène jusqu’à Louis Auguste Brunelet, à sa fille Marie Antoinette et aux Dailly n’aurait pas existé. Jacques Joseph, troisième enfant « illégitime », mais reconnu, d'Alexis et Marie Marguerite est en effet l’arrière-grand-père de Louis Auguste Brunelet.
Revenons-en à notre ancêtre, Alexis Brunelet dit Le Vieux. On aurait pu imaginer qu’au décès de sa troisième épouse, il « régularise » la situation et convole avec sa belle-sœur qui lui a déjà donné trois enfants. Celle-ci n’a en effet que 35 ans et elle vivra jusqu’à 71 ans. Il n’en sera pourtant rien.
L’aînée du premier mariage d’Alexis a maintenant 27 ans et elle pourrait quitter le foyer paternel pour se marier. Pourtant elle attend, certainement pour aider son père avec les plus jeunes, puisqu'elle ne se mariera que neuf ans plus tard.
À cette époque, il est d’usage que veufs et veuves, souvent encore jeunes, mais aussi plus âgés, reprennent très rapidement épouse ou époux. Une fois encore, ce constat se vérifie, Alexis n’étant pas du genre à finir ses vieux jours seul. En effet, le 16 juin 1755, dans sa 52e année, il convole, pour une troisième fois, avec Marie Catherine MANESSE (1718-1789), âgée de 36 ans et également veuve. Un contrat de mariage a été passé quelques jours avant le mariage, à Prisches dans le Nord. Nous n’avons pas trouvé si Marie Catherine avait déjà des enfants, mais il y a fort à parier que oui, ayant été mariée durant près de quinze ans.
Elle lui donne trois nouveaux enfants, Catherine Joseph en avril 1756, Marie Thérèse en juillet 1758 et Jean Baptiste en septembre 1761. Les trois atteindront l’âge adulte. C’est avec Marie Catherine qu’Alexis passe le reste de sa vie.
Si nous n'avons pas trouvé son acte de décès (aux dates et lieux annoncés sans sources par de nombreuses généalogies), nous pouvons au moins situer une période, entre le 2 septembre 1761, lorsqu’il est mentionné vivant au baptême de son fils Jacques Joseph, et le 6 mai 1769, où il est mentionné décédé au mariage dudit fils.
Il aura ainsi vécu entre six et quinze ans avec sa dernière épouse qui décède en 1789, lui survit ainsi au moins vingt ans. La fourchette est certes large, mais nous n’avons pu la réduire avec certitude.
Si vous avez bien suivi et tenu les comptes, Alexis s’est marié trois fois et a été père à 18 reprises de quatre lits différents, ceux de ses trois épouses et celui d’une de ses belles-sœurs. À notre connaissance, il a été également au moins 66 fois grand-père. Un sacré « bonhomme », non !
Le Récit-de-vie
Il s'agit, dans un article unique, ou bien dans une suite d'articles, de raconter en la contextualisant, la vie d'un ancêtre, d'un collatéral, d'une famille, voire même d'un village ou d'une paroisse.
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