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Récit de vie : Armand Klein (4) : mariage avec Élisa Rigard.

Le 7 mars 1871 Armand Klein a été démobilisé. L’heure est maintenant venue pour lui de se préoccuper de son avenir professionnel. On sentait bien, à travers son dernier emploi d’apprenti libraire, que c’est vers les métiers du livre qu’il se dirigeait. Où embauche-t-il, chez quel patron, crée-t-il lui-même sa propre activité ? Nous n’avons, à ce stade, trouvé aucune source familiale ou externe pour nous renseigner. Ce que l’on sait, par contre, c’est qu’il a fait le choix de devenir brocheur, métier, pour les ouvriers, essentiellement féminin.

À sa démobilisation, il réside encore avec sa mère nourricière, 34 de la rue du Cherche Midi. Y reste-t-il encore ou bien prend-il son autonomie ? Des courriers en notre possession lui sont adressés au 28 de la rue d’Assas ; y réside-t-il maintenant ?

Armand Klein, brocheur parisien. Photo Solon Vathis
Armand Klein, début des années 1880, donc plus tard que la période de cet article

C’est très certainement dans le cadre professionnel qu’Armand rencontre Élisa RIGARD, brocheuse comme lui. Sûrement même travaillent-ils ensemble. Élisa, de deux ans sa cadette, est d’une famille originaire de Bickenholtz en Moselle, par son père Dominique Rigard, et de Kleinblitersdorf, ville allemande de la Sarre frontalière avec la Moselle, par sa mère Odile Zell.

Élisa est née à Paris et a reçu une éducation catholique rigoureuse, dans l’Institution des Sœurs de la Charité, Place des Prêtres Saint-Séverin, où elle a également de bons résultats scolaires. En 1870, elle accepte l’engagement de « Rosière » qui lui est proposé par le Curé de Saint-Séverin. Armand, présenté à la famille, reçoit l’assentiment des parents d’Élisa et à la fin de l’année 1872, les bans de mariage sont publiés.

Élisa Rigard, brocheuse à Paris. Photo Solon Vathis
Élisa Rigard, début des années 1880, donc également à une période postérieure.

Le mariage est célébré le samedi 18 janvier 1873 en la mairie du 5e arrondissement et en l’église Saint-Séverin. Il est précisé que l’époux est fils de Catherine Klein, « dont il n’appert aucune reconnaissance » , qu’il réside chez ses futurs beaux-parents avec sa future, en tout bien tout honneur nous n’en doutons pas, au 21 rue St-Jacques. Si ceux-ci sont présents et consentants aux noces, le couple Piel, parents nourriciers de l’époux, est absent et n’est pas mentionné dans l’acte. Les quatre témoins sont cités sans faire mention de leurs liens aux futurs.

Quelques jours après le mariage début février, Joséphine Piel écrit un courrier de reproches à Armand. Reçoit-il ce courrier rue d’Assas, certainement même s’il semble ne pas y répondre ? A-t-il prévenu sa mère nourricière de son mariage, certainement pas. Le courrier, dont quelques extraits suivent, est sévère : « Vous n’avez sans doute pas le temps [-] de venir voir celle qui vous a servi de mère pendant 24 ans [-] j’essaierai de vous oublier [-] Adieu, femme Piel ». 


Lettre d'une mère adoptive à son fils
Lettre Joséphine Piel à Armand Klein. Février 1873

À la fin de ce même mois, la mère d’Élisa décède. Les deux jeunes mariés vont encore rester quelque temps rue St-Jacques pour s’occuper du père d’Élisa. Au bonheur du mariage succède à la douleur du décès pour Élisa qui montre un grand attachement et dévouement à ses parents.

Joséphine, que son fils n’informe de rien, renouvelle ses reproches à Armand dans un nouveau courrier en mars, toujours adressé rue d’Assas. La teneur des propos est la même et signifie la rupture entre eux. Pourtant, en septembre, les liens entre Armand et Joséphine semblent s’être rétablis. Elle lui écrit rue St-Jacques, où il réside donc encore. L’en-tête, « Chers enfants », montre que Joséphine a été a minima informée et que certainement les présentations ont été faites. Malade elle demande à son fils de venir chercher une broche qu’elle souhaite offrir « à ta petite femme qui t’aime bien, sois toujours gentil avec elle, je serais bien heureuse de vous savoir heureux tous les deux ». Signé « Ta mère qui t’aime toujours, femme Piel ».

Lettre d'une mère adoptive à son fils.
Lettre Joséphine Piel à Armand Klein. Septembre 1873

En décembre, elle leur annonce sa venue chez eux pour dîner : « Vous ferez de la soupe et de la salade, je porterai le reste » et conclue « Je vous embrasse bien tous les deux ». Début 1874 Joséphine dit à Armand qu’elle est toujours malade et lui reproche à nouveau de ne pas être assez présent auprès d’elle.

Lettre d'un fils à sa mère adoptive
Lettre Armand Klein à Joésphine Piel. Déc. 1873

Armand, se préoccupe-t-il plus d’Auguste Piel, son père adoptif ? Depuis leurs derniers échanges durant la guerre de 70, il ne semble pas que les liens aient été maintenus. Dans la masse d’archives d’Auguste dont nous disposons, rien ne fait mention de possibles liens depuis cette période. Piel a d’autres préoccupations. Il a été mis à la retraite d’office de l’Octroi, à la suite de la Commune de Paris et, depuis, il se débat comme il peut, mais en vain, pour être réintégré. Sur cela, nous reviendrons dans un « récit de vie » qui lui sera consacré, mais il est certain que les deux hommes ne sont plus en lien. En plus de ces ennuis, Auguste est lui aussi bien malade. Avec son épouse, ils ne se voient plus et certainement ne sont-ils pas au courant qu’Élisa, femme d’Armand, est enceinte et attend un heureux événement pour l’été prochain, si tout se passe bien.

Dans un courrier qu'il adresse en mars à sa mère adoptive, Armand la rassure et lui dit travailler jusqu'à dix heures du soir tous les jours, mais ne lui annonce pas la bonne nouvelle.

Une lettre d'un fils à sa mère adoptive.
Lettre Armand Klein à Joséphine Piel. Mars 1874

Armand est de plus en plus pris par son métier, dans lequel il s’épanouit. Bientôt, il va être père et le couple, en plein bonheur, se réinstalle dans le logement d’Armand rue d’Assas et prépare l’arrivée du bébé.

C’est le 11 août que Louis (qui hérite du prénom d’usage de son père) vient au monde au domicile parental. Le père, assisté d’un brocheur et d’un autre ami, va déclarer la naissance de l’enfant qui est baptisé sans délai à l’église St Séverin. Après un peu de repos, Élisa reprend son emploi de brocheuse, très attachée qu’elle est à son métier.

Avec l’arrivée de cet enfant, la vie familiale d’Armand et d’Élisa débute réellement.

 
Le Récit-de-vie

Il s'agit, dans un article unique, ou bien dans une suite d'articles, de raconter en la contextualisant, la vie d'un ancêtre, d'un collatéral, d'une famille, voire même d'un village ou d'une paroisse.


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